L'Art de rue ça vous parle ? Parce que moi pas du tout ?!? Je suis du genre à considérer les "artistes de rue" comme des saltimbanques, des voyous ou des fouteurs de trouble. Mon côté conservateur se cramponne à la définition classique de l'Art qui ne peut se substituer à la beauté originelle des pièces de collection des musées. L'Art est un concept si abstrait au final. C'est un débat de tous les instants. La susceptibilité des artistes est légendaire. Ne touchons pas à leur œuvre.

Art de rue, si abscons et pourtant si concret. Exemple le graffiti polluant les murs et autres espaces urbains. C'est une agression pour les yeux. Une provocation pour le citadin moyen qui ne voit là qu'un mauvais croquis d'un crétin juvénile. «Pourquoi ne sont-ils pas à l'école ? Mais que font les parents ?» L'éducation absente, une culture violée par des gribouillis obscènes. Si vous êtes de cet avis, allez-vous cacher ! Vous pendre serait une solution plus rapide à tous les malheurs du monde moderne.

Explorons de nouveaux mondes étranges, découvrons de nouvelles vies, d'autres civilisations, et au mépris du danger aventurons-nous là où personne n'est allé. C'est un peu cette aventure que je viens vous narrer. Comme je vous l'écrivis ci-dessus, l'Art de rue m'est inconnu. Jusqu'à ce que je rencontre deux frères passionnés par une technique de peinture particulière. Nous pourrions même la caractériser de cavalière. Un Art qui casse les codes établis. Un art qui trouve ses lettres de noblesse dans la rue. Un langage connu des groupuscules révolutionnaires, réactionnaires ou anticonformistes. Leur talent : s'exprimer par le dessin. Leurs armes : des bombes de peinture. Leurs qualités : progresser et s'adapter. Leur message : politique, social ou esthétique.


Ces deux frères, Rise et Iron Lock, sont à l'origine d'un collectif, le BTP Crew. Je les ai rencontré par hasard. Le premier contact était assez froid. Nous nous observions, nous nous dévisagions : «Qui c'est ce vieux plouk ?» et avec mon regard inquisiteur, leur répondre : «Ils portent un baggy et une casquette... ils veulent me détrousser ou quoi ?» Quand j'ai vu un de leurs graffitis pour la première fois, mes préjugés ont volé en éclat. Une précision et une délicatesse dans leurs illustrations acquiescent une grande sensibilité et une immense générosité. Je remarque leur souci du détail, leur dextérité folle et leur technique hors du commun nécessaires pour apposer leur imaginaire sur une vaste surface. En toute objectivité, le rapport création, travail, plaisir est aussi important que la peinture classique. J'ai vraiment été submergé par un plaisir visuel en observant les tableaux muraux de ces artistes en herbe. Je n'ai pas peur d'écrire que ces jeunes "arsouilles" m'ont convaincu que le graff est un art, malheureusement méconnu.

C'est en voyant leur façon de peindre que j'ai eu envie d'en savoir plus sur eux.

Sebtic : Pouvez-vous présenter la "BTP Crew" ?

Rise : Le BTP crew c'est un groupe de graffeurs que j'ai eu l'idée de créer en janvier 2012 avec Jordan. Puis nous avons invité SYNDROM le plus âgé qui peint depuis les années 90 à La Rochelle, SIDE le plus jeune qui peint avec nous depuis 2009, RONIN étudiant en préparatif des beaux arts et "Nicolas" je ne suis pas sur de son blaze car il n'a plus de téléphone et il y réfléchissais encore.

Sebtic : Comment avez-vous commencé dans le graphisme ?

Rise : Nous avons connu le graff en 2007. Iron Lock avait 13 ans et moi 12. Il s'agissait d'un stage de graff dans un centre de loisirs. Puis nous avons continué le graffiti à La Rochelle avec un ami d'enfance "ANER" qui a par la suite arrêté le graff.

Sebtic : Où pouvons-nous voir vos créations ? Quelle est votre plus belle réalisation à chacun ?

Rise : Vous pouvez voir nos créations sur la page facebook du crew https://www.facebook.com/pages/Born-to-paint-BTP-Crew/195943773836118 Notre plus belle réalisation est une fresque que nous avons réalisé au mois d'octobre 2012 sur le thème western en compagnie de SYNDROM. D'ailleurs dans quelques mois la vidéo de la fresque sera visible.


Sebtic : Avez-vous chacun une mascotte qui revient souvent dans vos graffs ?

Rise : Non mais nous travaillons sur un logo.

Sebtic : De quel(s) artiste(s) êtes vous fans ?

Rise : Nous sommes fans de POSE, EWOK, SMUG, PEON, DARK, ELIXIRONER, SLY2, FLOW et encore bien d'autres pas seulement dans le graffiti.

Sebtic : Qu'est ce qui vous distingue des autres graphistes ?

Rise : Ce qui nous distingue des autres crew de graffeurs, je dirais que c'est la différence d'âge et d'expérience entre les membres du crew puisque on a l'un des anciens de LR avec plus de 20 ans de graff dans les mains et à côté de ça des jeunes de 17 ans et 18 ans avec 5 ans d'expérience. C'est la old school et la new school avec des influences différentes mais qui collent parfaitement lors de la réalisation de fresque.


Sebtic : Qu’est-ce qui vous pose le plus de difficultés ?

Rise : Ce qui nous pose le plus de problème je dirais que c'est de trouver de très grands murs vierges. Si tu sais où on peut en trouver on est preneur. Sinon du côté de la peinture on a pas les mêmes difficultés car on a pas la même expérience donc je vais rester sur les murs et le matériel à trouver.

Sebtic : Envisagez-vous d'être professionnels ? Pourquoi ?

Rise : Il y a déjà Syndrom du crew qui est professionnel. Et oui ! on l'envisage car je pense qu'il n'y a pas mieux que de vivre de son art.

Sebtic : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent se lancer ?

Rise : Pour les jeunes qui voudraient commencer avant tout ne pas oublier que c'est un art qui vient de la rue et qu'il se pratique dans la rue, que ça doit être spontané et non pas juste sur ces cahiers a l'école. Même si c'est important de s'entrainer sur papier. Celui qui ne fait que ça sur papier ne peut pas s'appeler graffeur. Alors prenez une bombe et allez peindre, il n'y a que comme ça qu'on apprend le graff. Petit conseil : évitez d'aller taguer dans vos villages, pour ceux qui sont à la campagne, vous allez vous faire choper !


Sebtic : Le mot de la fin ?

Rise : Pour le mots de la fin, big up à tous les graffeurs de LR et viva graffiti !!!

Je remercie Rise et Iron Lock d'être passés nous voir sur Le Caustic. Je vous invite à les découvrir en ouvrant les yeux, en regardant les murs de vos communes environnantes, en allant les questionner sur leur page Facebook ou bien encore en leur passant commande.

«Big Up» les amis !